L’enjeu de cette 10e finale de Ligue des champions féminine était immense. Et c’est à travers un scénario dantesque qu’elle nous a offert une soirée pleine de records.
Le contexte
Si Lyon et Wolfsburg s’affrontaient en finale européenne pour la 3e fois après celles de 2013 et 2016 dont une victoire chacun au compteur, la pression sur les épaules des deux meilleures écuries actuelles était bien différente.
Wolfsburg disputait sa quatrième finale en six participations pour deux titres remportés alors que Lyon empilait sa septième finale (un record et une de plus que Francfort) et l’ambition de devenir le premier club féminin quintuple champion d’Europe et à remporter trois finales d’affilée.
Le Duel
Fraichement arrivés en début de saison, Reynald Pedros et Stephan Lerch vivaient sur le banc leur première finale à la tête respectivement de Lyon et Wolfsburg. Un duel dans un duel qui allait nous offrir un sublime spectacle devant 14 237 personnes parquées au stade Valeriy Lobanovskyi à Kiev.
C’est pieds au plancher que les Lyonnaises débutent la rencontre en pressant haut les louves. Une entame de match tendue et rythmée qui voit Sarah Bouhaddi percuter violemment Sara Björk Gunnarsdóttir à la suite d’une sortie tardive des poings (9e). Le penalty n’était pas loin. Les louves multiplient alors les offensives notamment sur le côté droit mais c’était sans compter sur une excellente Selma Bacha, 17 ans, qui pour sa première finale européenne muselait sans détour une Caroline Graham Hansen en souffrance.
Avec la pression, la chaleur et l’enjeu, les jambes paraissent lourdes. Les protagonistes techniquement à la peine, multiplient les passes ratés et les mauvais choix sur la dernière passe. Deux relances mal ajustées plein axe de Griedge Mbock prouvent la difficulté du collectif lyonnais à se libérer. Il faut attendre la 25e pour voir le premier tir cadré lyonnais. Dzsenifer Marozsan servie par Mbock tente une frappe du droit bien captée par la portière allemande Almuth Schult qui allait se déployer 10 minutes plus tard sur une frappe sans danger d’Ada Hegerberg.
A la pause, Lyon domine mais ne trouve pas la faille. Amel Majri ne parvient que très rarement à perforer la défense sur son côté gauche alors qu’Eugénie Le Sommer placée à droite ne semble pas à son aise. Côté allemand, si Nilla Fischer, tour de contrôle de la charnière centrale rassure ; Ewa Pajor à contre temps, Pernille Harder et surtout Alexandra Popp peu en vue, ne parviennent pas à inquiéter le rempart rhodanien.
Stephan Lerch procède alors à son premier changement. Tessa Wullaert remplace Graham Hansen qui a pris l’eau face à Bacha tandis que Reynald Pedros relance le même XI dans l’arène.
Les minutes s’égrainent et les duels se multiplient. Sur une poussette de Popp, Le Sommer pense même bénéficier d’un excellent coup franc à l’entrée de la surface (52e) mais Jana Adámkováne, arbitre du soir ne siffle pas. Hegerberg tente sa chance dix minutes plus tard angle fermé sans succès.
Le tournant du match
Cadenassé par un bloc allemand discipliné, Reynald Pedros fait entrer Delphine Cascarino sur l’aile droite à la place de Bacha (65e). Le Sommer bascule à gauche et Majri descend d’un cran. Lyon se libère un peu plus. Cascarino virevoltante percute et défend mais c’est à la 69e que le salut semble arriver. Sur un corner, Henry dévie le ballon de la tête dans les gants de Schult qui se manque bien supléée par Noelle Maritz qui le sauve sur sa ligne. Si le corp arbitral ne bronche pas, le cuire avait bel et bien franchi la ligne (69e). Rageant !
Invisible et frustrée sur le front de l’attaque, Popp prend un jaune qui sera lourd de conséquences après s’être essuyée les crampons sur Henry (72e). Alors qu’on se dirige vers les 3e prolongations en 7 finales côté lyonnais; Bouhaddi se blesse à la main gauche sur un choc aérien avec Bronze. Elle semble souffrir mais ne sort pas.
Une fin de match dantesque
Avec 30 minutes au chrono et les jambes lourdes pour faire la différence, Wolfsbourg ouvre la marque sur un moment de flottement. Schult relance de la main vers Harder dans l’axe qui laissée de tout marquage par une défense lyonnaise sur le reculoir ajuste Bouhaddi des 25 mètres petit filet gauche. 93e, 1-0 pour les Louves.
Les visages se crispent côté lyonnais, les ballons s’allongent mais le dieu du football féminin est lyonnais. Popp encore en retard reçoit un deuxième jaune trois minutes après le but. Wolfsburg réduit à dix, tout bascule.
Le salut arrive soixante dix secondes plus tard lorsque Hegerberg sert magnifiquement Henry d’une balle piquée qui ni une ni deux propulse le ballon d’une frappe lourde sous la barre. Les louves n’ont pas eu le temps de savourer (98e).
Le Shanice show s’ensuit. Entrée en place de Saki Kumagai à la 95e, elle distille un centre au premier poteau pour Le Sommer qui envoie le ballon du break d’un extérieur du gauche à la 99e. Galvanisées, les fenottes poussent, Wolfsburg craque une troisième fois. Shanice Van den Sanden déboule côté droit jusqu’à la ligne de corner, trouve Hegerberg et lui offre son quinzième but dans la compétition (103e). Un record pour la Norvégienne qui devient alors la première joueuse de l’Histoire à atteindre la barre des quinze buts inscrits en une saison de Ligue des Champions.
La cerise sur le gâteau
Alors que tous les regards se tournent sur Camille Abily, entrée en jeu (114′) pour sa dernière sur la scène européenne. Le scénario digne d’un film arrive. Inarrêtable sur son côté droit, Van de Sanden percute et distille sa troisième passe décisive de la soirée dans les pieds de Camille Abily qui glisse le ballon d’une reprise du droit dans les filets (116′). Immense performance pour la Bretonne qui devient la joueuse la plus capée de la compétition avec 81 matchs disputés et la meilleure buteuse de l’Histoire de l’OL avec 43 réalisations (deux de plus que Lotta Schelin).
LYON EST SUR LE TOIT DU FOOTBALL FEMININ !