Ce Lundi se disputait la seconde demi-finale de Coupe du monde U20 de la journée. Après la démonstration Japonaise contre l’Angleterre, venait le tour de la France et de l’Espagne. Deux nations au passé sportif commun qui ont ajouté hier une nouvelle ligne à leur longue rivalité.
Le décryptage de l’élimination
On a pour habitude dans le monde des sports collectifs de dire que lorsque tout va bien, c’est grâce aux joueurs. Et que lorsque tout va mal c’est la faute de l’entraîneur. Nous n’allons pas déroger à cette règle en commençant ce décryptage par le sélectionneur français. Est invité à joindre le banc des accusés : Monsieur Eyquem Gilles.
- Bloc-bas
L’utilisation d’un bloc (très) bas hier en a surpris plus d’un dans le stade. Depuis le début du tournoi, l’équipe de France a joué tous ses matchs avec un état d’esprit conquérant, avec l’envie de récupérer les ballons le plus haut possible, et avec une volonté d’avoir la main-mise sur ses rencontres. Une belle réussite sur les matchs de poule et sur le ¼ de finale. Alors pourquoi tout changer en ½ ? Le nom « Espagne » a semblé faire peur au coach qui est allé à l’encontre de tout ce qu’il avait mis en place jusque-là en attendant les espagnoles et en leur laissant le ballon. Les bleuettes ont semblé déstabilisées par ce choix ne trouvant plus leurs marques. Sortir sur le porteur et presser ou attendre ? C’est simple, les filles se sont posées la question tout le match. Même à la suite de l’exclusion de Bonmati à la 69ème, l’équipe de France n’a pas joué plus haut pour autant. Combien de temps vont-ils continuer à faire jouer nos équipes de France petits bras sous prétexte que l’on affronte l’Espagne ? Espagne qui de plus, ne paraissait pas impressionnante. Monsieur Eyquem, vous êtes à domicile, vous faîtes partis des favoris et vous avez le public avec vous, un peu d’ambition bon sang !
- Coaching douteux
La sortie prématurée d’Amélie Delabre, meilleure buteuse de l’équipe de France sur ce tournoi avec 4 buts, à la 54ème minute de jeu est difficile à comprendre. Le fait d’attendre la 82ème minute pour prendre la décision d’enlever un milieu de terrain et passer à 2 attaquantes (Sortie de Daoudi, et entrée de Malard), alors que l’Espagne est réduite à 10 depuis la 69ème l’est tout autant. Et encore on ne parlera pas du fait qu’Hélène Fercocq, plus à l’aise devant la défense, a été utilisée à un poste qui n’est pas le sien sinon on va encore nous dire qu’on est trop critiques…
- Mental défaillant
Souvent la même rengaine avec les équipes de France. Le mental fait souvent défaut dans les moments clés des grands rendez-vous. Après l’ouverture du score de la Roja par Guijarro (51′), la France est apparue étourdie durant de longues minutes avant de reprendre espoir après l’exclusion de Bonmati (69′). Mais a fini par se ré-éteindre après le penalty manqué (76′) alors qu’il restait encore un quart d’heure à jouer après ce dernier.
- Absence de collectif
Un groupe soudé, de belles individualités, mais un jeu collectif que l’on cherche encore. On a pu voir malheureusement que par intermittence quelques enchaînements intéressants (en première période notamment). Mais très peu de séquences de conservation de balle, ni même de renversement de jeu afin de déstabiliser le bloc défensif des joueuses de Pedro Lopez.
- Mental, Collectif & Vice : Ce que l’Espagne avait de plus
Techniquement, l’Espagne n’a rien montré de plus que l’équipe de France. Au contraire. Cependant la Roja était animée d’autres qualités qui ont pesé sur la rencontre. La force de cette équipe est avant-tout collective. À part Guijarro, aucune joueuse ne sort réellement du lot. Elles compensent leur manque d’individualité avec le jeu d’équipe et la solidarité. Elles font les courses les unes pour les autres, attaquent et défendent ensemble. Là où côté Français on a souvent vu une équipe coupée en deux avec des attaquantes pas toujours suivies lors de leurs offensives. Le vice ou l’expérience appelez cela comme vous voulez. Les jeunes Espagnoles ont déjà intégré que le vice faisait partie du jeu et ont su l’utiliser hier. Fautes et anti-jeu. Empêcher l’équipe de France de jouer une touche rapidement en tapant dans le ballon car la défense n’était pas en place. Gagner du temps en restant au sol car réduites à dix… Un comportement agaçant mais sans lequel l’issue du match aurait été tout autre.
- Marie-Antoinette Katoto
La forte pression mise par Eyquem sur les jeunes épaules de Katoto a eu raison d’elle. Eyquem et son staff ont certainement trop attendu de la Parisienne sur cette édition en lui donnant trop de responsabilités (cf. brassard de capitaine), et en pensant à tort qu’elle réussirait presque à elle seule à emmener les Bleuettes au titre. Il n’est jamais bon de mettre autant de pression sur quelqu’un d’aussi jeune, et la gestion du cas Katoto aurait pu être bien meilleure de la part du sélectionneur. Sélectionneur qui aurait dû s’interposer au fait que MAK tire le penalty puisqu’il avait annoncé avant la rencontre qu’Emelyne Laurent était la tireuse désignée en cas de sortie d’Amélie Delabre. Chose qu’il n’a pas faite. Facile ensuite de dire à Corinne Diacre présente comme depuis le début de la compétition : « C’EST DE SA FAUTE ! »
Une petite remise en question Gilles ?
- Rares satisfactions
Puisqu’il reste encore un match important à disputer, essayons de finir sur quelque chose de positif. Malgré tout, des joueuses ont donné satisfaction durant cette rencontre. La charnière centrale composée de Thibaud et Lakrar s’est montrée solide face à la meilleure buteuse du tournoi Patri Guijarro qui malgré tout, a réussi à marquer avec beaucoup de réussite. Ce duo est la base de cette défense et permet à la France d’être jusqu’à présent la meilleure défense du tournoi à égalité avec le Japon (2 buts encaissés). Dans le secteur offensif, Emelyne Laurent a été la plus dangereuse. Des débordements, de la vivacité, du danger créé mais un petit peu trop seule. Pas assez accompagnée.
Bravo pour votre article
D’accord a 200% sur le cas Eyquem, sa gestion, son coaching, sa gestion du cas MAK, sa passivité pour le penalty, sa facilité deconcertante a charger les joueuses après la defaite au lieu de faire son analyse sur ses propres erreurs, etc …
De toutes façons tant qu’on continuera a confier les selections jeunes, en particulier pour les feminined, a des « entraineurs (es) sans aucune expérience hors cadre de la fede faut pas trop s’attendre a grabd choses d’autre.
Regardez qui est a la tête des U16F et des U17F … même causes, même resultats 🙁
Il est temps de depoussierez tout ca et de mettre fin a cette espececde fonctionnarizt federal basé sur le copinage ou la cooptation !!!
PECO, votre commentaire m’a fait jouir tellement c’est ce que je pense. Je n’ai cessé de répéter à peu près cela sur Twitter, d’abord sous forme de questions, et je m’en suis pris plein la tronche depuis… depuis le match contre la Nouvelle-Zélande. Il y avait un consensus obligatoire, une interdiction de critiquer (« Ne faisons pas comme avec Deschamps »), des journalistes transformés en communicants de la FFF expliquant les choix les plus incompréhensibles d’Eyquem en termes doctes (« Il implique tout le groupe », « Il gère des temps de jeu », ah ah ah), voire le soupçon implicite de ne pas aimer la France, de ne pas aimer les femmes, de ne pas aimer le foot, de ne pas aimer le football féminin, de ne pas aimer les filles de moins de 20 ans, de ne pas aimer les moustachus du Sud-Ouest, bref c’était la dictature, cette petite Coupe du monde. Une seule parole autorisée : « Allez les Bleuettes ! » Chaque match disait que ça n’irait pas au bout. Chaque match hurlait l’incohérence, l’absence de suite dans les idées. Mais non : il ne fallait rien dire, il fallait se mettre tous en rang derrière l’affreux slogan « Dare to shine ». J’ai commencé cette Coupe du monde au Stade de la Rabine avec un drapeau français. Je la termine en écrivant ce message qui ne me fait même pas du bien. Entre les deux, j’ai avalé des tonnes de couleuvres, lu des tonnes d’âneries, et vu des dizaines d’actions ratées, faute d’une structure dans cette équipe et d’une vision du jeu. Car les joueuses elles-mêmes, prises individuellement, elles étaient vraiment chouettes… Quel gâchis.