Les deux équipes qui s’affrontaient hier restaient toutes deux sur de belles séries d’invincibilité. D’un côté l’Allemagne, invaincue depuis 8 matchs. De l’autre, la France qui elle, comptabilisait 9 matchs sans le moindre échec.
Une affiche forcément prometteuse lorsque l’on connait le passif entre les deux nations. La rencontre a débuté par un grand pont fulgurant de Delphine Cascarino sur sa partenaire de club Carolin Simon (1′). Dans la minute qui a suivi, Sarah Bouhaddi a offert aux 10 238 spectateurs du stade Francis-le-Basser, une frayeur dont tout le monde se serait bien passé. Dans le premier quart d’heure de jeu, les accélérations sont françaises (Cascarino 1′ & 15′), mais les duels sont pour les allemandes à l’image de Gaëtane Thiney bougée à l’épaule par Doorsoun (12′) puis battue dans les airs par Elsig (19′). En revanche c’est le pressing haut de la Mannschaft qui a été l’élément clé. Peu à l’aise, lorsqu’elles sont pressées dans leur camp, les joueuses de l’équipe de France commettent des erreurs, à l’image de celle commise par Sakina Karchaoui à la 31ème minute. Une perte de balle dans ses 20 mètres sur son côté gauche à la suite d’un pressing allemand initié par Léa Schüller. Cette même Schüller est parvenue à récupérer le cuire, à se jouer de Bussaglia en jouant un une-deux court avec Svenja Huth, avant d’ajuster un tir poteau-rentrant qui n’a laissé aucune chance à Bouhaddi. Avantage pour les co-équipières d’Huth capitaine du soir après le renoncement de Marozsán au brassard, et en l’absence d’Alexandra Popp intronisée nouvelle capitaine de l’équipe nationale. Un avantage qui aurait pu être réduit à néant à deux reprises juste avant la fin de la première période, avec en premier lieu, le super une-deux entre Karchaoui et Diani qui a laissé sur place trois allemandes avant de voir le centre judicieux en retrait de la latérale montpelliéraine, être dégagé en corner (42′). Cependant l’occasion la plus franche du côté de l’équipe de France, a été dans les pieds de Gaëtane Thiney qui n’a pas su trouver le cadre après avoir bénéficié d’une belle remise talonnée de Katoto (45′).
Un premier acte manqué par les bleues qui a donné suite à un second mollement meilleur où la France a tenté sans parvenir à trouver la faille. Par l’intermédiaire de Thiney, enfin réveillée après une première mi-temps de mauvaise facture, les bleues se sont procurées des situations sans réussir à être efficace. Thiney a distillé mais les occasions n’ont pas été concrétisées à l’image de celle de Marie-Antoinette Katoto (49′). Les coups de pieds arrêtés ont failli sauver la France, les corners de Karchaoui, tous bien ajustés hier soir, auraient pu amener l’égalisation comme à la 54ème minute, où Wendie Renard n’est pas passée loin d’un retour au score salvateur. Le centre en retrait de D. Cascarino pour Diani (63′), le cafouillage dans la surface de Frohms (69′), la frappe lourde de Thiney sur le coup franc obtenu par Karchaoui (81′)… Une succession d’opportunités non-concrétisées qui se retrouvent dans les chiffres de la rencontre. Au total, 14 tirs (2 cadrés) pour les bleues contre 4 tirs (2 cadrés) pour l’Allemagne et un score final en faveur de la Mannschaft, 0-1.
L’équipe de France a dû regretter de ne pas avoir plus poussé certaines actions, et de ne pas avoir fait les bons choix dans les 30 derniers mètres. Mais surtout d’être passé complètement à côté de sa première mi-temps durant laquelle, l’équipe n’a montré que trop peu de choses.
Cette victoire allemande est avant tout celle de Martina Voss-Tecklenburg. L’ancienne sélectionneure de la Nati (2012-2018), a pris le dessus sur son homologue Corinne Diacre pour son premier match à la tête de la sélection nationale allemande. Tactiquement, le pressing haut de la Mannschaft a semble-t-il surpris l’équipe de France, qui, avec son statut de « nation la plus en forme du moment », ne s’attendait certainement pas à voir l’Allemagne venir les chercher de la sorte. Hyper-active dans sa zone technique MVT a dirigé d’une main de maître son équipe pourtant amoindrie par les absences de sa capitaine Popp, sa gardienne Schult et sa latérale Maier. L’Allemagne a surclassé de loin la France dans le domaine des duels, les double-championnes du monde (2007, 2013) ont excellé dans l’impact physique, le respect des consignes, et la gestion du match. Malgré une seconde mi-temps plus poussive les Allemandes n’ont pas semblé prises de panique. Elles ont joué avec confiance tout au long de la rencontre. « J’ai confiance en vous. » est d’ailleurs la phrase que Martina Voss-T martèle le plus à son groupe.
« Donner aux joueuses l’audace nécessaire est la mission la plus importante d’une entraîneure. » ~ Martina Voss-Tecklenburg