L’équipe de France accueillait hier le Japon, à l’Abbé des Champs (Auxerre).
Le premier match d’un rassemblement qui se trouve être le dernier avant la liste définitive de Corinne Diacre pour la Coupe Du Monde.
Le temps d’un soir, le peuple bourguignon a pu célébrer une victoire. Lui qui n’en a que si peu l’occasion vu les résultats décevants du club local l’AJ Auxerre (5 défaites consécutives en Domino’s Ligue 2), s’est vu offrir une soirée de rêve par l’équipe de France féminine. Une victoire 3 buts à 1 contre la nation classée 7ème au classement FIFA et une prestation très positive devant 15 379 spectateurs qui ont poussé sur chaque offensive des bleues.
- Le Sommer / Majri, le duo infernal.
Dure dure la vie de latérale droit lorsque vous vous retrouvez à devoir défendre sur la doublette Le Sommer-Majri… Allez demander à Risa Shimizu ce qu’elle en pense, nul doute qu’elle sera d’accord après la déferlante d’offensives qu’elle a prise dans son couloir. Eugénie Le Sommer a lancé un message dès la deuxième minute du match en allant coincer Kumagai dans sa propre surface : On n’est pas venues copiner. Cette récupération est d’ailleurs à la base de l’ouverture du score une minute plus tard par Valérie Gauvin. Amel Majri a aussi lancé son match en montrant de belles choses, quelques dribbles qui ont fait exulter la foule et une excellente sortie de balle à la 12ème minute. Le Sommer a réitéré son pressing à plusieurs reprises et s’est vu accorder un corner après avoir poussé Shimizu à la faute (16′). Après l’égalisation nippone (24′), les offensives françaises ont repris de plus belle ; un débordement de Le Sommer et un tir dans une position excentrée qui a forcé Ayaka Yamashita à une parade de grande classe (27′). Deux minutes plus tard, la combinaison entre Amel et Eugé met à mal la défense des visiteuses, le centre qui en découle a été repris par Gauvin mais la portière japonaise était encore sur la trajectoire. Une action similaire force Yamashita à intervenir sur une nouvelle tête de la native de la Réunion (974), une nouvelle fois sur un centre de Majri. Malgré toutes les situations crées sur le flanc gauche, c’est dans une position axiale après un corner, qu’ELS a doublé la mise pour l’équipe de France (33′). L’entente entre les deux lyonnaises font du couloir gauche le couloir le plus fort des bleues offensivement. En général ça ne traîne pas, ça va vite de l’avant et le danger y est constant. Difficile à contenir surtout lorsqu’elles sont dans cette forme. Risa en est témoin.
- Le poste de #9 a de sérieuses prétendantes.
Valérie Gauvin aurait été nommée joueuse du match si nous n’avions pas décerné en interne la distinction à Eugénie Le Sommer. Mise en confiance par Corinne Diacre, Val’ s’est appliquée à lui rendre : Un but de la tête au bout de 3 minutes après réception d’un centre de Torrent (MHSC-Connection), et une succession de masterclass. Du jeu en remise de grande classe (13′), des tentatives qui ont fait suer Yamashita (29′, 32′), des duels aériens remportés (11′, 43′) et une capacité à conserver le ballon et obtenir un corner même lorsqu’elle est esseulée côté gauche, et entourée de trois adversaires. Valérie a tout simplement réalisé la prestation qu’on attendait d’elle face à une nation du Top 10 depuis des mois. Tout compte fait, ne serait-ce pas elle la vraie joueuse du match ?
Remplacée par Cascarino à la 61ème minute, Gauvin a laissé sa place en pointe à Kadidiatou Diani. Pas auteure d’une rencontre exceptionnelle sur le côté droit, Kady a su se montrer efficace devant en trouvant le chemin des filets vingt minutes plus tard concluant une action menée par Cascarino (82′). Diani a fait preuve d’une efficacité monstre et a confirmé son excellente prestation contre les États-Unis à ce poste d’avant-centre. Corinne Diacre a-t-elle définitivement trouvé son attaquante de pointe titulaire pour la CDM ? Pour nous la réponse est oui.
- Cascarino bien installée à droite
Si l’on considère que Diani débutera la Coupe Du Monde au poste de #9, sachez que c’est Delphine Cascarino, la briseuse de reins, qui devrait se voir évoluer au poste d’ailière côté droit. Brésil (but + grosse presta’), USA (torture son adversaire directe tout le match), et maintenant le Japon (amène le troisième but en faisant tout le travail). Casca’ ne s’arrête plus de réaliser des prestations réussies en bleues. De quoi inquiéter la concurrence au poste. Attendez, parce qu’il y en a encore qui croient en la concurrence sur ce poste ?
« L’entrée de Cascarino a été très importante ce soir […] Je trouve que c’est bien que les filles qui ne démarrent pas puissent rentrer et apporter leur pierre à l’édifice, comme Cascarino l’a fait ce soir, mais on a vu aussi que Cascarino est capable de débuter. On l’a vu au mois de Janvier dernier contre les USA. Après le problème c’est que je ne peux en aligner que onze. »
Corinne Diacre
- Du titane en défense centrale
Oubliez la défense de fer, on parlera désormais de titane pour citer la charnière centrale composée de WR3 et Griedge « Rock ». Certains ont tendance à banaliser les prestations de hautes-volées réalisées par Wendie Renard tant ils ont pris l’habitude de la voir évoluer à ce niveau. Pourtant quand on y regarde de près, c’est toujours aussi kiffant de voir une défenseure centrale autant maîtriser son sujet que ce soit physiquement, techniquement ou émotionnellement. Wendie défend, Wendie commande, et Wendie reprend ses partenaires lorsqu’il y a des manques. « C’est pas normaaaaaaal ! » l’a-t-on entendu crier depuis le bord du terrain après un duel aérien perdu par une de ses co-équipière au milieu du terrain. À côté d’elle, Griedge Mbock s’est imposée sur quasiment tous ses duels. Notamment sur un centre où Kumi Yokoyama semblait pourtant en bonne position pour reprendre le ballon de la tête avant de voir Griedge lui revenir dessus (milieu de 2nde période). Mbock ne cesse d’élever son niveau années après années. Elle joue avec maturité, et ses prestations sont très régulièrement irréprochables pour le plus grand bonheur de Corinne Diacre et de Reynald Pedros présent à l’Abbé des Champs hier, qui en a fait une titulaire indiscutable et indiscutée à Lyon (sorry Kadeish’). Seul regret dans ce match, ne pas avoir vu Riko Ueki, une des stars de la dernière Coupe Du Monde U20 à Vannes (remportée par le Japon) jouer plus longtemps. Son entrée en jeu tardive (87′) ne lui a laissé que peu de temps pour se jauger face à l’une des meilleures charnières de la planète. Son entrée a néanmoins été intéressante.
- Et ce fameux bémol, quel est-il ?
Un match n’est jamais parfait. Surtout lorsqu’on encaisse un but. Certains diront qu’on cherche la petite bête pourtant ce but révèle une fragilité défensive qu’il faudra surveiller de près. Sur l’égalisation signée Rikako Kobayashi, Amel Majri commet une faute de placement. En effet, sur une action venant du côté opposé, elle anticipe trop vite la passe en direction Kobayashi et délaisse Emi Nakajima dans son dos. Deux françaises se sont donc retrouvées sur Kobayashi étant donné que Wendie Renard était déjà au marquage de cette dernière. Avec intelligence, Kobayashi a laissé passé le ballon entre ses jambes sachant pertinemment que Nakajima se retrouvait de ce fait, seule derrière elle. Le tir de Nakajima est repoussé par Sarah Bouhaddi fraîchement entrée en jeu après la blessure de Pauline Peyraud-Magnin (luxation de la rotule) mais Kobayashi a suivi et a été la plus prompt sur le ballon. N’évoluant plus latérale à Lyon mais la plupart du temps ailière, Majri doit vite retrouver ses repères défensifs lorsqu’elle évolue en équipe de France Son jeu défensif n’étant pas son point fort, il faudrait qu’elle parvienne à gommer ces petits détails qui prive l’équipe de France d’un clean-sheet ce soir, mais qui lors d’une rencontre plus relevée et avec plus d’enjeu, pourrait la priver de quelque chose de bien plus regrettable…