Le combat judiciaire entre les Américaines et leur Fédération semble loin d’être terminé.
Rappelez-vous, le 7 juillet dernier, alors que les américaines s’apprêtaient à soulever la Coupe du Monde, les quelques 20 000 spectateurs américains présents au Groupama Stadium se sont unis pour ne former qu’une seule voix. Pendant plusieurs minutes, tous ont entonné « Equal Pay, Equal Pay ! ».
Un soutien porté à leurs joueuses en référence à la plainte qu’elles avaient déposé quelques mois plus tôt devant le tribunal de Los Angeles. En effet, le 8 mars 2019, 28 joueuses de l’équipe nationale actuelle se rassemblaient afin de porter plainte contre la Fédération américaine, l’accusant de discrimination de genre tant au niveau des salaires que des conditions de travail.
Ce vendredi 1er mai, le juge Gary Klausner a apporté de premiers éléments dans un jugement en référé. Il a entendu et retenu les sujets concernant les inégalités de traitement à propos des conditions de logements et de voyages des joueuses notamment. Ces éléments seront donc étudiés de près lors du procès, qui aura lieu le 16 juin prochain.
Néanmoins l’argument de discrimination salariale avancé par les plaignantes, n’a lui pas été retenu, estimant qu’elles avaient d’elles-mêmes refusé une proposition de la Fédération en 2017, qui auraient pu leur permettre d’être payées autant que les joueurs de l’équipe nationale masculine selon lui. Klausner se serait également appuyé sur l’opinion d’experts mentionnant qu’entre 2015 et 2019 le salaire total de l’équipe féminine serait plus important que le salaire total versé à l’équipe masculine. Ce à quoi les joueuses accusent la Fédération de fausser les chiffres en y incorporant les salaires versés dans le cadre de la NWSL, soit les matchs de championnat.
Une décision qui a créé le mécontentement des supporters, mais aussi des joueuses. Molly Levinson, porte-parole des joueuses américaines, a déclaré qu’elle prévoyait de faire appel :
« Nous sommes choquées et déçues de la décision d’aujourd’hui, mais nous n’abandonnerons pas notre travail acharné pour un salaire égal. Nous sommes confiants dans notre cas et fermes dans notre engagement à faire en sorte que les filles et les femmes qui pratiquent ce sport ne soient pas considérées comme moins importantes simplement en raison de leur sexe. Nous avons appris qu’il existe d’énormes obstacles au changement ; nous savons qu’il faut de la bravoure, du courage et de la persévérance pour leur tenir tête. Nous ferons appel et continuerons. Les mots ne peuvent exprimer notre gratitude à tous ceux qui nous soutiennent. »
Molly Levinson, porte-parole.
En réalité, étant donné que l’affaire n’a pas été jugée dans son intégralité, les joueuses devront attendre une permission du tribunal pour faire appel immédiatement. Si elles ne l’obtiennent pas, elles devront attendre la décision finale du procès, soit le 16 juin, pour pouvoir réellement faire appel.
De nombreuses joueuses ont depuis réagi sur les réseaux sociaux :
« Nous n’arrêterons jamais de nous battre pour l’ÉGALITÉ. »
Megan Rapinoe, internationale américaine et joueuse d’OL Reign.
« Nous continuerons dans la lutte pour l’égalité salariale. »
Christen Press, internationale américaine et joueuse des Utah Royals.
« Cette équipe n’abandonne jamais et nous n’allons pas commencer maintenant. »
Tobin Heath, internationale américaine et joueuse des Thorns de Portland.
Ces actions en justice ne sont pas nouvelles puisque c’est dès 2016 que Carli Lloyd, Alex Morgan, Megan Rapinoe, Becky Sauerbrunn et Hope Solo avaient initié une première accusation pour réclamer l’égalité. Une demande fondée sur la base d’une large hausse des revenus générés par l’équipe féminine en 2015, une équipe qui depuis rapporte autant voire plus que l’équipe masculine à la Fédération.
Aujourd’hui, c’est l’équipe entière qui forme un véritable collectif avec 28 plaignantes réunies, toutes ayant porté le maillot américain entre le 1er janvier et le 8 mars 2019 (date de la plainte). Elles pourraient être encore plus nombreuses si elles obtiennent la possibilité d’un recours collectif, ainsi toutes les joueuses ayant porté le maillot de l’équipe nationale depuis le 4 février 2015 pourraient se joindre à cette plainte et on imagine mal Hope Solo ou encore Ali Krieger manquer l’opportunité d’emboîter le pas à leurs coéquipières.