Dans une interview accordée au Canal Football Club, Amandine Henry s’est livrée quant au mal-être qui ronge les Bleues. La capitaine de l’équipe de France a parlé, au nom de nombreuses joueuses, pour dévoiler les coulisses de la fracture bien profonde entre le vestiaire et la séléctionneuse Corinne Diacre.
« On se dit, à tout moment je peux partir. Alors on se tait. »
Depuis la Coupe du Monde 2019 en France, l’ambiance à Clairefontaine n’est pas au rendez-vous. L’échec sportif n’a pas arrangé la relation de confiance brisée entre les joueuses et Corinne Diacre. Le sentiment de crainte qui prédominait dans les têtes des Bleues ne pouvait que pré-sentir le fiasco qui s’est déroulé.
« C’était mon rêve absolu de jouer une coupe du monde dans mon pays. Mais je ne l’ai pas vécu à 100% niveau épanouissement. Sportivement c’était dur parce qu’on s’arrête en quart. Mais humainement, je voyais des filles pleurer dans leur chambre, moi aussi parfois. J’avais envie de vivre cette coupe du monde mais au final cela a été un chaos total. L’atmosphère, le management, l’ambiance générale qu’il y avait… La confiance, c’est la base. Et là, on se dit, à tout moment je peux partir. Alors on se tait. »
Alors qu’à l’approche de la sélection les joueuses ne devraient qu’espérer en faire partie, là encore ce n’est plus le cas en Équipe de France. Cette crainte de devoir faire partie d’un groupe qui ne vit pas bien sous les ordres d’une coach, traduit terriblement le mal profond qui règne en sélection.
« Il y a énormément de problèmes, on ne va pas se le cacher. […] Quand tu vois ton nom sur la liste, tu as deux sentiments qui te partagent : la joie et la crainte. »
Son avenir en Bleue incertain ?
Lors de la dernière sélection, Amandine Henry ne fait pas partie de la liste de Corinne Diacre. Un choix que la sélectionneuse justifie de sportif, la Lyonnaise revenant de blessure. Elle l’appelle alors la veille de l’annonce officielle de la liste, et le lui annonce dans un appel froid « qui ne dure pas plus de 15 secondes ». Amandine Henry reste choquée et persuadée que cette décision va au-delà du terrain.
« Je pense que c’est au-delà du sportif. On avait des retours de certaines filles qui nous disaient que ce n’était plus possible et on savait qu’il fallait faire quelque chose. Quand le président Le Graët est venu à Lyon c’était une aubaine. Je pense que Diacre a eu des retours et cela n’a pas du lui plaire. Elle a envoyé un message très fort au groupe. »
Brassard au bras, Amandine Henry endosse son rôle de capitaine et brise le silence dans l’espoir de faire bouger les choses et de soigner cette équipe de France bien malade. A 31 ans, la Lyonnaise est persuadée que son rôle est d’endosser les responsabilité, et peut-être en assumer les conséquences.
« Certaines filles n’osent pas parler, et donc elles passent à travers les Lyonnaises. Je suis obligée d’être porte-parole, si je ne parle pas, qui va le faire ? Malheureusement oui, la relation de confiance est rompue entre Diacre et les joueuses. C’est le ressenti de la majorité de l’équipe. Je sais que je prends un risque de parler. Peut-être que cela me met en danger mais si cela peut aider l’équipe de France, alors je le fais. »
Un appel à la discussion
Pour clore cette interview pleine de révélations, Amandine Henry a fait un appel du pied au président de la FFF afin qu’une discussion soit organisée et que l’équipe reparte de plus belle pour atteindre l’objectif commun à tous, qui est l’acquisition d’un titre. La milieu de terrain bleue n’a pas demandé l’éviction de sa sélectionneuse, mais simplement une honnête discussion afin de rétablir la relation de confiance et la bonne atmosphère qui doit régner en sélection.
« Il y a des échéances qui arrivent. Il faut pas laisser passer, c’est maintenant qu’il faut régler les problèmes, pas dans trois ans. Ce serait bien de tout mettre à plat. Qu’on se dise tous franchement les choses pour avancer tous ensemble. J’aimerais qu’on se réunisse autour d’une table avec le président, le staff et toutes les joueuses et qu’on mette les choses à plat pour aller gagner ce titre, que l’on parle terrain et ambitions. Pleurer et voir les autres soulever la coupe ? J’en ai marre. »
Le silence est brisé du côté des joueuses. La capitaine a parlé et les fêlures sont réelles et profondes, tant Amandine Henry semble touchée par la situation. Une nouvelle étape est franchie dans le malheureux feuilleton qui accompagne les Bleues, il reste maintenant à la FFF et à Corinne Diacre de réagir à ses propos, afin d’apaiser le groupe.
Retrouvez la réaction de Noël Le Graet :
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