Encore une histoire que l’on aurait préféré ne jamais entendre, sur laquelle on aurait aimé ne jamais écrire… malheureusement cette histoire est réalité et la mettre en lumière, c’est informer, faire entendre nos voix, et militer pour que ce genre de choses ne se reproduise jamais.
Il y a 4 jours, le Rayo Vallecano annonçait la nomination de Carlos Santiso en tant qu’entraîneur de son équipe féminine, pensionnaire de Liga Iberdrola, le championnat d’élite du football féminin espagnol. Mais quelques heures après l’officialisation, la Twittosphère se soulevait suite aux articles publiés successivement par Mundo Deportivo et AS, puis repris par The Guardian faisant état de faits passés intolérables et inaudibles.
Carlos Santiso, de retour
Carlos Santiso n’est pas un inconnu au sein du club du Rayo Vallecano… il était en fait sur le banc de cette même équipe lors des 2 dernières saisons. Arrivé au club en août 2019, Santiso fait ses preuves et voit son équipe se classer 8ème lors de la saison 2019/2020 , avant de la voir retomber à la 13ème place la saison suivante. A l’aube de la saison 2021/2022, Santiso a cédé sa place à Miguel Ángel Quejigo, pour lequel la réussite ne fut pas au rendez-vous. Avec 5 points engrangés en 17 matchs joués, Quejigo a été remercié et Santiso rappelé. Seulement, si Santiso avait laissé le souvenir de résultats sportifs satisfaisants, ces derniers furent balayés par des audios divulgués en fin d’année 2021 et qui ont contraint Santiso à démissionner du poste qu’il occupait alors (entraîneur de la catégorie U-12 masculins pour la sélection nationale espagnole) tout juste un mois après sa nomination.
Des paroles stupéfiantes
Pousser à démissionner pour des audios personnels rendus publiques, ce ne sera pas la première ni la dernière fois, mais les mots prononcés par Santiso, même dans un cadre privé, dépassent tout entendement.
« Ce staff est incroyable, mais il nous manque des choses. Il faut, je le répète, en faire un comme ceux d’Arandina. Il faut en attraper une, mais qu’elle soit majeure (…). C’est ce qui unit un staff et une équipe. »
Calors Santiso dans des audios personnels | AS
« Ceux d’Arandina »… Arandina est un club évoluant en 3ème division espagnole qui s’est rendu célèbre, non pas pour son football, mais pour une bien sombre histoire hors terrain datant de 2017. Cette année-là, 3 joueurs du club, Carlos Cuadrado, Víctor Rodríguez et Raúl Calvo vivant en colocation, étaient accusés d’agression sexuelle sur une mineure de 15 ans. Deux années, plus tard, soit en fin 2019, les 3 joueurs écopaient chacun de 38 ans de prison.
Difficile donc, de ne pas comprendre l’interprétation des mots prononcés par Santiso dans ses audios, évoquant clairement un viol collectif comme un moyen de cohésion d’un groupe. Des propos répugnants et offrants tribune à des faits illégaux et dévastateurs.
Santiso a confirmé qu’il s’agissait bien de sa voix et de ses mots dans les audios dévoilés, justifiant ses paroles par le fait qu’il s’agissait d’un message informel envoyé à son staff technique de l’époque. Des dires, qui même dans le cercle privé et/ou sur le ton de l’humour, semblent bien loin d’avoir leur place.
Le Rayo, adepte des mauvaises pubs
Ce n’est pas la première fois que le Rayo fait parler de lui dans le mauvais sens. Le club a déjà fait la une à plusieurs reprises, notamment pour ne pas avoir accompagné son équipe féminine d’un staff médical digne d’une équipe de Liga, obligeant souvent les staffs de ses adversaires à intervenir pour des soins sur leurs propres joueuses. Les supporters adverses s’étaient même portés soutien des joueuses du Rayo…
Les joueuses du Rayo Vallecano sont plus ou moins en constante guerre avec leur direction pour leurs droits ; passant des discussions autour des contrats, au confort des infrastructures mises à disposition par le club, mais aussi à la non-fourniture de qualité sur des sujets plus rudimentaires telle que les collations ou encore l’eau chaude dans les douches.
L’indignation
Si le manque de considération autour de son équipe féminine montré à multiples reprises par le club a déjà fait parler, le retour de Santiso après ses propos déplacés et dégradants génèrent un impact sans précédent.
Les supporters de l’équipe ont montré leur mécontentement, demandant expressément le départ du nouveau nommé.
« Par respect pour les femmes, Santiso hors de Vallekas »
Pendant ce temps, plusieurs joueuses ont fait appel à la décence et au respect de leurs consœurs.
De leur côté, les joueuses du Rayo Vallecano n’ont, à ce jour, pas exprimé de plaintes auprès du syndicat des joueuses. Les quelques joueuses s’étant exprimées ont simplement affirmé que « l’équipe souhaite se maintenir » tout en affirmant que « l’équipe était au plus bas psychologiquement et que personne ne savait ce que les joueuses traversent ».
Selon Mundo Deportivo, la décision de rappeler Santiso serait un choix personnel du président (sans consultation préalable de l’équipe), qui ne souhaiterait par ailleurs, aucunement le remettre en question, dixit ses propres mots retranscrits par The Guardian : « Nous signons des professionnels, pas des gens ici ». Ce à quoi les supporters ont rétorqué « Pour Carlos Santiso, abuser sexuellement d’une fille est ce qui unit vraiment une équipe. Nous ne pouvons pas permettre à une personne avec des pensées aussi graves dans sa tête de s’asseoir sur le banc et de représenter le Rayo Vallecano ». Alors, qui aura le dernier mot entre les deux parties -en froid depuis un certain temps déjà- ?