Le recours collectif déposé par 28 joueuses américaines championnes du monde en 2019, avec Megan Rapinoe en tête de proue, a enfin eu l’effet escompté. L’US Soccer (la fédération américaine qui légifère le football professionnel) a annoncé hier dans un communiqué « verser un salaire à taux égal à partir de maintenant pour les équipes nationales féminine et masculine lors de tous les matchs amicaux et tournois, y compris la Coupe du monde ».
« Tout le monde gagne »
Comme l’avait espéré la présidente de US Soccer et ancienne internationale américaine Cindy Parlow Cone, les primes versées lors des rencontres des équipes nationales seront « harmonisées ». En effet jusqu’alors, la disparité était éléphantesque. En 2014, les joueurs américains éliminés en huitième de finale de la Coupe du Monde avaient perçus 4,5 millions d’euros, contre seulement 1,45 million versé à leurs homologues féminines pour avoir remporté la compétition un an plus tard. Alex Morgan a jugé cette décision de l’US Soccer d’équilibrer les rémunérations comme « un pas en avant monumental ».
Les joueuses et la fédérations doivent désormais se mettre d’accord sur les termes du contrat pour régler le contentieux opposant l’instance à l’équipe nationale féminine depuis 2019. Une égalité salariale logique qui vient récompenser l’équipe qui fait briller les USA au niveau international. L’équipe féminine d’Outre-Atlantique est 4 fois championne du monde (1991,1999, 2015, 2019) et 4 fois championne olympique (1996, 2004, 2008, 2012) et règne incontestablement sur la planète football (1ère au classement FIFA). Alors que leurs homologues masculins (13èmes au classement FIFA) n’ont fait mieux qu’une médaille d’argent olympique (1904) et qu’une troisième place en Coupe du Monde (1930). La star américaine Megan Rapinoe a réagi à cette nouvelle sur Twitter parlant d’une victoire collective (« Quand on gagne, tout le monde gagne »).
Et ailleurs ?
Les Etats-Unis deviennent le 6ème pays du monde à considérer l’équité des salaires dans le football. D’autres grandes nations de ce sport ont adopté l’équilibre salarial. C’est le cas du Brésil, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l’Angleterre et de la Norvège. En Asie, le Népal avait fait de même un an plus tôt.
En France, la question ne se pose pas encore à la Fédération. La capitaine des Bleues a réagi mettant en parallèle la popularité de l’équipe américaine ainsi que les titres remportés.
» On sait que le football américain a beaucoup d’avance sur le football européen. Le « soccer » est le sport numéro 1, il n’y a pas photo. Les Américaines sont plus populaires, chose qui n’est pas du tout le cas en Europe. Aujourd’hui, elles ont des titres, un palmarès, donc elles peuvent se permettre d’avoir cette lutte avec leur fédération. Il faut continuer à se battre pour gagner, déjà. C’est sûr que quand tu arrives à gagner des titres avec l’équipe nationale, forcément tu peux demander des choses à la fédération. Pour l’instant, notre palmarès, il est vierge. On se bat déjà sur le terrain, et puis le sujet viendra. On ira dessus dans les années à venir et c’est normal car je pense qu’on le mérite aussi. Avant tout, ce n’est pas l’égalité salariale qui est intéressante. C’est déjà les structures dans les clubs, le quotidien. «
Wendie Renard