Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais et acteur investi dans le football féminin en France s’est confié à ce sujet dans les colonnes de L’Equipe. Celui qui est à la tête de la nouvelle commission fédérale du football féminin de haut niveau alerte sur le développement du football féminin en France.
La France en retard
Le président lyonnais, qui n’a plus à prouver son investissement ô combien important dans le foot féminin, s’inquiète du retard que prend la fédération française par rapport à d’autres pays : « On est en train de prendre du retard car d’autres ont accéléré plus vite. En mettant des moyens économiques et financiers de manière prioritaire sur le football féminin, il est indéniable que des nations avancent plus vite. » Il fait notamment référence aux clubs anglais qui bénéficient de plus de moyen et risquent de devenir des acteurs majeurs de ces prochaines années : « Les Anglais ont su prendre des décisions économiques extrêmement favorables pour le football féminin, notamment en lui attribuant une partie du sponsoring et des droits télévisés. Évidemment, la conséquence, on va la voir dans les deux-trois années qui viennent. Les clubs progressent vite, les sélections nationales aussi, du coup. Ce qui est sûr, c’est que demain, on risque de perdre nos meilleures joueuses françaises au profit de ces structures économiques surpuissantes par rapport aux nôtres. » Jean-Michel Aulas attend beaucoup de la COMEX et compte continuer à révolutionner le football féminin français.
« Notre ambition est d’aller vite »
Il y a quelques semaines sur Twitter, son attaquante, Ada Hegerberg avait pointé du doigt les manquements de la fédération.
Jean-Michel Aulas a réagi à ses propos et compte s’appuyer sur les joueuses pour aider le développement du football féminin en France : « À partir du moment où ce sont des joueuses de très haut niveau qui le disent, il faut regarder […]. La perception des joueuses professionnelles est importante. La remarque d’Ada était non seulement intéressante, mais elle a permis aussi de faire émerger d’autres demandes de joueuses. Cela nous a donné l’idée de faire appel à elles pour essayer de nous guider dans les réformes du football féminin français. »
Le rôle de la commission fédérale pour le football féminin de haut niveau va être majeur et son président a déjà des idées pour combler le retard : « Le premier point sur lequel on a prévu de travailler, c’est la pyramide des compétitions. Notre ambition est d’aller vite. […] On irait vers une structure à trois niveaux, probablement. Je suis favorable à un retour de la D3. L’idée serait d’avoir deux ou trois groupes de D3, une poule unique de D2 qui serait peut-être plus concentrée qu’aujourd’hui. Et une poule D1. » Il préconise aussi une D1 à 14 équipes ce qui pourrait permettre une meilleure structuration, plus d’enjeux et plus de revenu. Pour la meilleure structuration il évoque les points suivant : « C’est tout ce qui concerne l’amélioration de la performance. Le bien-être des joueuses. Ça va du médical, en passant par la kiné, aux infrastructures, mais aussi tout ce qui concerne les demandes de nos diffuseurs de droits télé, les médias. Il faut aussi que les structures d’accueil du public et des différents acteurs soient au niveau. L’autre point important, c’est la création normée de centres de formation. Ils ont fait le succès du football masculin ces dernières années. »
L’équipe de France en fer de lance
Le président attend beaucoup de l’équipe de France et estime qu’une victoire lancerait une dynamique : » Le football d’association doit gagner des titres. J’ai bien vu que certaines joueuses revendiquaient le fait de gagner pour donner une sorte d’oxygénation à tout le football féminin de haut niveau. C’est ce qu’on a fait avec Lyon. On a créé une vraie dynamique pour tous les autres, en France et à l’étranger, car l’OL est souvent cité comme la référence. Là, il faut que l’équipe de France gagne cet Euro. Et puis, derrière, enchaîne. » Et Jean-Michel Aulas est optimiste concernant les chances de victoire de la France à l’Euro : « J’y crois vraiment. […] L’équipe de France progresse beaucoup en ce moment. Il y a évidemment une ossature avec des joueuses expérimentées, mais qui n’ont rien gagné. On a la capacité, en tout cas avec les joueuses, d’y arriver. »