Lundi 30 mai, Corinne Diacre a révélé au journal télévisé les noms des 23 joueuses qui représenteront la France, lors du prochain Euro qui se déroulera cet été en Angleterre. Au vu des derniers mois mouvementés, cette liste était extrêmement attendue. À la lecture de cette liste, on dénombre plusieurs absences justifiées ou non, comme celles d’Amandine Henry, Eugénie Le Sommer, Kheira Hamraoui, Sarah Bouhaddi ou encore Valérie Gauvin. Cependant, l’absence d’une autre joueuse, en l’occurrence Perle Morroni, nous interpelle et nous pousse à la réflexion.
Une ascension linéaire
Née à Montpellier, Perle Morroni a effectué la majeure partie de sa formation chez les jeunes du MHSC entre 2006 et 2012 malgré un bref passage à l’AS Lattoise (2007-2009). C’est ensuite du côté du PSG où elle est arrivée à l’âge de 14 ans qu’elle a découvert la D1 avec trois petits matchs lors de la saison 2014-2015. Après 6 mois de prêt du côté du FC Barcelone en 2018, Morroni revient et s’impose à Paris. S’en suit trois saisons pleines avec le PSG qui lui ouvrent les portes de la sélection nationale. Trois exercices ponctués par un titre de championne de France (2020/2021), le premier de l’histoire du Paris Saint-Germain. Evoluant au poste de latérale gauche, Morroni a dû patienter pour faire ses débuts chez les Bleues, tant la concurrence est forte à ce poste. Un côté gauche de la défense, un temps occupé par Amel Majri, et ensuite par Sakina Karchaoui ; très difficile d’accès. Pourtant « Perlito », à force de travail et d’abnégation, y est parvenue. Depuis elle a compilé 11 sélections dont 6 titularisations, pour 2 buts avec les Bleues. Cependant, elle manque bel et bien à l’appel de cet Euro 2022 à venir.
Un choix déterminant
« En quittant le PSG, je sors de ma zone de confort ». ~ Perle Morroni.
Elle disait vouloir sortir de sa zone de confort, elle est carrément sortie des plans de Corinne Diacre. Alors qu’elle était initialement tombée d’accord avec le Bayern Munich, Perle Morroni est finalement arrivée à Lyon lors de l’été 2021 avec l’étiquette de titulaire. Mais progressivement, au fil de la saison, des blessures, et des prestations impressionnantes de la concurrence, Morroni a vu Selma Bacha lui passer devant. Habituée à devoir lutter pour jouer après avoir été mise en concurrence successivement avec Amel Majri (2017/2018), Caroline Simon (2018/2019), Alex Greenwood (2019/2020), et Sakina Karchaoui (2020/2021) ; Selma Bacha était prête à se battre pour sa place face à Morroni. La jeune lyonnaise formée au club a cette saison, passé le cap attendu, et a atteint un niveau d’excellence souhaité par son entraîneure sur le terrain. Si pendant un temps Sonia Bompastor a pu faire évoluer les deux gauchères ensemble sur le couloir (à cause de la blessure de Majri, la convalescence d’Hegerberg et l’absence de Le Sommer encore aux États-Unis), celle qui est la seule à avoir remporté la Ligue Des Championnes en tant que joueuse et entraîneure, a dû finir par trancher. Obligeant ainsi Morroni, à se contenter d’un rôle de second couteau de luxe (seulement 8 matchs disputés et 5 titularisations en 2022 sur 18 possibles). Plus appelée dans la liste initiale de l’équipe de France depuis le rassemblement de Novembre dernier, Morroni a assisté de très près à l’éclosion de Bacha chez les Bleues. Convoquée en renfort pour palier la blessure de Sakina Karchaoui à la cheville, Selma Bacha débarquait avec le plein de confiance en équipe de France après avoir été nommée meilleure joueuse de D1 sur le mois d’octobre. Suite à un premier match réussi contre le faible Kazakhstan (victoire 6-0), Bacha a définitivement conquis la sélectionneure lors de la victoire étriquée contre le Pays de Galles, en inscrivant un but somptueux et salvateur en fin de match (victoire 2-0). Comme un symbole, ce match de l’avènement de Bacha, sera également le dernier de Morroni qui n’a plus reporté le maillot bleu depuis…
Un avenir qui pose question
On serait tenté de se demander ce qu’il serait advenu si Morroni avait plutôt choisi le Bayern, ou si elle était restée à Paris. Mais impossible de refaire l’histoire tant il y a d’inconnues dans l’équation. Néanmoins, on peut se questionner sur l’avenir. Alors que Bacha semble avoir gagné sa place dans le onze à Lyon, et paraît bien partie pour être le choix numéro 2 de Diacre en équipe nationale derrière Karchaoui, que va décider Perle Morroni ? Sa situation ne passe pas inaperçue et intéresse quelques unes des grandes écuries européennes (Chelsea, Barcelone…) mais également aux États-Unis. Si sa qualité de jeu et ses performances ne sont aucunement remises en cause, son cas va devoir être réglé rapidement en interne du côté de l’OL qui ne pourra certainement pas la conserver jusqu’au terme de son contrat (2024) avec un statut de simple doublure de Bacha.