Aminata Diallo a été placée en détention provisoire le 16 septembre dernier. Elle serait la commanditaire des violences faites sur Kheira Hamraoui par les quatre autres suspects de l’affaire. Quatre jours après cette mise en détention, Le Parisien révélait une partie de l’enquête de la police judiciaire sur Aminata Diallo . Selon les révélations du journal, l’affaire atteint une ampleur inimaginable.
Un allié proche de plusieurs joueuses
Le Parisien révèle la proximité de Diallo avec César M., agent officieux de plusieurs joueuses parisiennes, dont Marie-Antoinette Katoto, et compagnon de Kadidiatou Diani. Aminata Diallo et César M. auraient fait un pacte entre eux qui consistait à tout faire pour évincer Kheira Hamraoui et obtenir une offre de prolongation de contrat pour Diallo. Selon les messages échangés entre eux après l’agression de Kheira Hamroui et lus par les magistrats et les enquêteurs, les deux complices avaient pour objectif de s’unir pour changer la direction de la section féminine du PSG, et ainsi pouvoir arriver à leur fin. Depuis l’agression, Aminata Diallo et César M. conversent par messageries cryptées. Il est aussi révélé que l’agent officieux a eu une conversation téléphonique avec le « corbeau », personne qui appelait anonymement les joueuses du PSG pour salir l’image de Hamraoui auprès d’elles. La PJ a alors placé la ligne téléphonique de César M. sur écoute.
Le 7 avril, il a appelé Ulrich Ramé, alors directeur sportif de la section féminine du PSG et lui aurait posé des conditions : Marie-Antoinette Katoto ne prolongerait que si Diallo recevait un nouveau contrat, et que si Hamraoui disparaissait du projet. L’agent aurait aussi menacé Ramé de révéler les agissements d’Ollé-Nicolle, alors entraîneur de PSG, avec certaines de ses joueuses. Le coach aurait fait des attouchements sexuels sur mineure et le PSG aurait, dans un premier temps, étouffé l’affaire. De son côté, Aminata Diallo est entrée en contact avec Fayza Lamari, la mère de Kylian Mbappé. Les deux femmes se sont rencontrées trois fois pour parler d’un projet de documentaire concernant l’affaire Hamraoui que comptait faire une boîte américaine avec l’aide de Zebra Valley, société appartenant à Kylian Mbappé. Lors d’une conversation, Aminata Diallo a laissé penser que la famille Mbappé pourrait parler de sa propre prolongation de contrat aux dirigeants parisiens. Fayza Lamari déclare au Parisien qu’elle l’a fait, mais de manière « très informelle, désintéressée, et toujours dans le contexte du documentaire ». Le 29 mars, l’affaire a été élargie au chef « d’escroquerie en bande organisée »
Un haine envers Hamraoui
Après la première mise en garde à vue de Diallo, la police a décidé de sonoriser l’appartement et la voiture de la joueuse. Les écoutes des conversations révèlent une haine d’Aminata Diallo et son conseiller envers Hamraoui. Avant d’affronter l’Olympique Lyonnais en Ligue des Championnes, César M. a déclaré à Diallo en parlant de Hamraoui : « L’autre pute, elle sera titulaire, c’est un truc de malade putain […] Elle vient pas aux entraînements, elle casse les couilles aux matchs… Même aux matchs ! ». Diallo lui a répondu : « C’est grave […] À un moment donné, s’ils se permettent de faire ça, c’est parce que les joueuses, elles ne font rien, elles ne disent rien […] les filles réveillez-vous […] Le problème, c’est pas Kheira, le problème c’est le coach et Ramé ». Deux jours après cette conversation, une bagarre a eu lieu à l’entraînement entre Sandy Baltimore, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani d’un côté, et Kheira Hamraoui de l’autre. Les écoutes ont aussi révélé la haine de Diallo envers la sélectionneuse de l’équipe de France, Corinne Diacre : « Et Corinne (Diacre), comment ça va Aminata ? Sale Pute ! Vous croyez que c’est un jeu bande de bâtards ? […] Apparemment on est une bande de caïds à Paris ? Une bande de banlieues ? Corinne, t’inquiète pas c’est prévu !! Dès que c’est prolongé au PSG, tu vas voir elle… »
Romain Molina, complice de Diallo ?
Romain Molina, journaliste investigateur, habitué aux révélations de scandales dans le monde du football a pris la défense Aminata Diallo dès le début de l’enquête en novembre 2021, regrettant le traitement dont elle avait été victime l’automne dernier lors de sa première garde à vue. Mais, selon le Parisien, cette prise de position de Molina serait en lien avec une prétendue proximité avec Aminata Diallo « L’incident (la bagarre à l’entraînement) est révélé le jour même par le journaliste indépendant Romain M., originaire lui aussi de la région grenobloise et correspondant régulier d’Aminata Diallo. » Quelques semaines plus tard, c’est aussi lui qui a exposé médiatiquement les agressions sexuelles supposées de Didier Ollé-Nicolle envers ses joueuses. Selon le journaliste de Mediapart Ilyes Ramdani : « Le Parisien révèle comment le clan Diallo a manipulé le « scandale » Ollé-Nicolle, avec l’aide de R. Molina, pour intimider le PSG » . Le jour d’après la publication de l’article du Parisien, Romain Molina publie une vidéo sur Twitter pour se défendre de ces accusations.
Il se défend en expliquant qu‘il ne connaissait « absolument pas Aminata Diallo » avant l’affaire et qu’il s’était « basé sur plusieurs sources (bureau du procureur, source interne à l’enquête…). On me disait texto « ça n’a rien à voir avec le sportif. » » . Il dit aussi avoir consulté des personnes proches des deux joueuses et du club. Concernant Ilyes Ramdani il déclare : « Ses accusations sont très graves et pour la première fois, mon avocat va porter plainte contre ce monsieur. Car on parle quand même de chantage et de pression, c’est gravissime. ». Enfin, concernant ses origines grenobloises, il réfute en disant : « Je ne suis pas Grenoblois, je viens du nord de l’Isère, j’ai mis les pieds deux fois à Grenoble, pour des sorties scolaires, la dernière fois pour le bac basket à 18 ans. » .
Aminata Diallo en liberté sous contrôle judicaire
Hier, Aminata Diallo a été remise en liberté, sous contrôle judiciaire, après son passage devant le juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Versailles. Ses avocats ont tenu une conférence de presse ce matin. Concernant les charges retenues contre leur cliente, ils déclarent : « Nous avons pu consulter le dossier depuis vendredi et il est vrai qu’il y a eu une lecture parcellaire et très à charge à travers les médias. La lecture approfondie nous a rassurés sur l’incapacité de l’accusation à relier par un quelconque élément matériel Aminata Diallo aux agresseurs. On estime qu’elle a été placée en incarcération provisoire sur des éléments factuels qui ne le méritaient pas. » Ils défendent les déclarations de Diallo en argumentant que c’est propre au milieu sportif : « Elle s’exprime sur le monde du sport, sa carrière, son ressenti par rapport à ses performances. C’est tout ce qu’il y a. Si cela établit une culpabilité, alors beaucoup de personnes dans le milieu du foot devraient avoir peur. […] Le fait de vouloir sa place en équipe de France n’est pas un mobile, mais une réalité pour beaucoup de joueuses. […] Des brouilles, il en arrive tous les jours, toutes les semaines, à tous les niveaux. » Enfin, selon eux, Aminata Diallo est « la seconde victime » de l’affaire.