Vendredi, les joueuses de la sélection canadienne ont décidé de rentrer en grève pour réclamer plus de considération de la part de leur fédération. Le lendemain, elles ont dû mettre fin à cette grève sous les menaces d’une action judiciaire de la part de la Fédération.
Les exigences des joueuses canadiennes
À moins de six mois de la Coupe du Monde en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet – 20 août), la situation entre la sélection canadienne et sa fédération est plus que tendue. Vendredi, les championnes olympiques en titre ont indiqué ne plus s’entraîner ni disputer de matches jusqu’à nouvel ordre. À travers un communiqué, Christine Sinclair et ses coéquipières demandent « un traitement juste et équitable » et dénoncent un manque de considération de la Fédération par rapport à l’équipe masculine. « A moins de six mois du plus grand tournoi de l’histoire du soccer féminin, notre préparation pour la Coupe du monde et le succès futur du programme de l’équipe nationale féminine sont compromis par l’incapacité perpétuelle de Canada Soccer à soutenir ses équipes nationales. Malgré nos succès et nos réalisations historiques depuis plus d’une décennie, on continue de nous dire qu’il n’y a pas assez d’argent pour financer adéquatement notre programme et nos équipes U17 et U20″.
Avec ce communiqué, on apprend aussi que la sélection féminine canadienne a dû renoncer à des rassemblements dans le cadre de la préparation du Mondial et a dû réduire le nombre de joueuses et de staff pouvant participer au camp d’entraînements qui étaient maintenus. Les joueuses réclament aussi des matchs à domicile pour la préparation de la Coupe du Monde. Ensuite, elles déplorent les différences budgétaires entre l’équipe masculine et elles. Selon la capitaine de l’équipe Christine Sinclair, la Fédération a accordé plus de 11 millions de dollars canadiens à l’équipe masculine, contre près de 5 millions de dollars canadiens à l’équipe féminine, en 2021. Les dépenses consacrées par la Fédération l’année précédente étaient pourtant plutôt similaires entre les femmes et les hommes (un peu plus de 3 millions de dollars pour les hommes, et 2,8 millions de dollars pour les femmes). Enfin, les joueuses se trouvent dans l’incertitude concernant leur rémunération. « On nous a dit, mot pour mot, que Canada Soccer ne peut pas financer adéquatement l’équipe nationale féminine alors que nous sommes à moins de six mois de la Coupe du monde », ont conclu les Canadiennes. Les revendications de la sélection féminine ont tout de suite été soutenues par l’équipe masculine qui avait elle aussi pris la décision de faire grève en juin dernier.
La réplique de la Fédération
Malheureusement pour les joueuses canadiennes, la grève n’aura duré qu’un seul jour. La Fédération les a menacé d’avoir recours à la justice si elles continuaient leur mouvement. Elles ont repris l’entraînement dimanche et joueront jeudi face au USA lors de la SheBelieves Cup sous ordre de la Fédération. « Canada Soccer nous a dit qu’il considérait notre action syndicale comme une grève illégale« , écrivent-elles, menacées si elles continuaient par des futures « mesures juridiques » pour les « forcer à revenir sur le terrain », associées à des demandes de « ce qui pourrait être des millions de dollars en dommages et intérêts« .
Contraintes de retourner sur les terrains, les Canadiennes continuent « de croire que les coupures effectuées par Canada Soccer, surtout juste avant la Coupe du Monde, sont inacceptables » et « de croire que Canada Soccer doit faire plus pour soutenir ses programmes et ses joueurs. » Les joueuses sont obligées de demander plus pour pouvoir bénéficier de changements. Suite à cette réponse de la Fédération, Sophie Schmidt, qui compte plus de 200 sélections avec les Canucks, a annoncé qu’elle ne jouera plus en sélection tant que les problèmes d’égalité de genre ne seront pas résolus dans sa fédération. À travers un tweet, la star américaine Alex Morgan a apporté son soutien à l’équipe.
Dans un communiqué, la Fédération déclare que « Canada Soccer a entendu les joueuses de l’équipe nationale féminine et s’est engagé sur un chemin qui traitera chacune des demandes soumises par celles-ci. Canada Soccer est cependant conscient que cela ne suffit pas et qu’il y a encore du travail à faire. Canada Soccer s’est engagé à négocier une convention collective avec les deux associations de joueurs et les représentants des joueurs des équipes nationales féminine et masculine. Une fois conclue, cette entente sera un accord historique qui produira un réel changement et une équité salariale au sein de Canada Soccer. C’est un objectif qui vaut la peine d’être réalisé correctement.«