En mars dernier, Sahar Khodayari, alors déguisée en homme, s’était rendue au stade Azasi, à l’Ouest de Téhéran pour assister au match du Esteghlal FC, son équipe favorite. Démasquée puis arrêtée durant trois jours, Sahar condamnée par la justice pour avoir commis cet acte anodin, va perdre la vie.
La loi iranienne interdit aux femmes d’assister aux rassemblements sportifs publiques. Les femmes sont bannies des stades depuis la Révolution islamique en 1979. Selon les religieux, elles doivent être protégées de « l’atmosphère masculine » et de la « vue d’hommes à moitié dévêtus. »
Lors de la Coupe du Monde 2018 en Russie, des supporters Iraniens avaient d’ailleurs profité du tournoi de football le plus médiatisé au monde pour protester contre cette loi.
Le 2 septembre 2019, Sahar se serait alors immolée par le feu devant le tribunal de Téhéran pour échapper à une condamnation de 6 mois de prison. Elle est décédée des suites de ses brûlures, qui avaient calciné 90% de son corps au troisième degré.
Si des versions divergent sur les circonstances exactes de sa mort, le geste de désespoir de la jeune femme de 29 ans a été l’objet d’un débat en Iran et dans le monde. Surnommée « la fille bleue », en référence aux couleurs du Esteghlal FC, Sahar Khodayari est devenue un symbole et a engendré une profonde tristesse et indignation sur les réseaux sociaux avec notamment le #BlueGirl.
Ali Karimi, légende du football iranien, a appelé ses 4,5 millions d’abonnés sur Instagram à boycotter les stades jusqu’à nouvel ordre.
« Les femmes de notre terre sont meilleures que les hommes »
Ali Karimi
« Nous appelons à la fin de cette interdiction discriminatoire. »
Amnesty International
Une pétition pour inciter la FIFA à réagir a été créée et a récolté, à l’heure actuelle, plus de 20 000 signatures. Cette même FIFA qui s’est exprimée après cette tragédie.
« Aujourd’hui, nous avons reçu une nouvelle très triste venant d’Iran et nous regrettons profondément cette tragédie. La Fifa envoie ses condoléances à la famille et aux amis de Sahar. La Fifa réitère son appel aux autorités iraniennes d’assurer la liberté et la sécurité de toute femme engagée dans ce combat légitime pour l’accès aux stades en Iran. »
La FIFA sur Instagram
Pour mettre un terme à ces interdictions, la FIFA a augmenté ses pressions sur l’Iran afin que le pays autorise les femmes à assister aux rencontres de qualifications pour la Coupe du Monde 2022. Le ministère des Sports Iraniens avait indiqué le 25 août dernier que les femmes seraient autorisées à assister à un match de qualification entre l’Iran et le Cambodge le 10 octobre prochain. Mais en dehors de ces occasions, les femmes qui pénètrent dans les stades restent poursuivi en justice.
« Un jour, l’un des plus grandes stades portera le nom de Blue Girl. Un jour durant lequel, même si nous ne sommes plus là, nos petits-enfants sauront à quel point il a fallu lutter pour obtenir les droits humains les plus basics. »
Mohammad Masaed, journaliste
l’Iran est le seul pays au monde à punir les femmes qui tente d’assister à un match de football dans un stade. Alors que le président Iranien, Hassan Rouhani, avait promis à Gianni Infantino, président de la Fifa, que les femmes seraient bientôt accueillies entièrement dans les stades, une enquête a été ouverte par la justice Iranienne sous la demande de Masoumeh Ektekar, députée aux affaires féminines.