Le club des Coqs Rouges de Bordeaux a connu 30 nouvelles recrues cet été. Alors que les dirigeants peuvent se féliciter du succès de leur club au lendemain de la Coupe du Monde en France, c’est pour un tout autre aspect de ce succès que le club a fait parler de lui.
Afin de protéger le football amateur, la Fédération Française de Football interdit plus de six mutations par équipe et par saison. Si une équipe joue un match officiel avec plus de six joueuses mutées, et qu’elle remporte le match, le règlement prévoit «70 euros d’amende par joueuse en plus des six autorisées » a expliqué l’entraîneur des Coqs Rouges, et seulement si l’adversaire pose réclamation.
C’est ainsi que les joueuses se devaient de perdre leurs matchs volontairement afin que le club ne soit pas sanctionné. En deux matchs, elles ont concédé dix buts et essuyé deux défaites. Lors de leur premier match de championnat District, les joueuses du club de la banlieue bordelaise menaient 4-0 à la 85ème minute face à Blazas avant de devoir en marquer 5 contre leur camp.
« Chaque week-end, nos joueuses sont obligées de mettre des buts contre notre camp alors qu’elle gagne les matchs »
Yann Lormeau, un éducateur au club
Une situation qui, malgré la victoire offerte, n’a pas plu à leur adversaire du jour qui ne valide pas cette pratique. Dans une vidéo amateur, qui a été depuis supprimée des réseaux sociaux, une joueuse du club de Blazas s’est exprimée sur le sujet :
« Ce n’est pas du football ! J’aurais préféré ne pas jouer. »
Un règlement qui enfreint l’élan suscité par la Coupe du Monde et qui pénalise beaucoup d’équipes. Alors que l’histoire a fait beaucoup parler cette semaine, le club des Coqs Rouges a éclairci la situation et a surtout exposé des solutions dans un communiqué de presse adressé en grande partie à la FFF.
Suite à la publication d’articles au sujet de notre Section Football Coqs Rouges Bordeaux nous précisons et réaffirmons notre travail main dans la main avec le District de la Gironde et la Ligue de Football Nouvelle Aquitaine afin de trouver des solutions au développement du football féminin. Suite aux nombreux échanges avec la Ligue et le District, il s’avère que le règlement les empêche de nous accorder une dérogation que ce soit sur le nombre de mutées ou la possibilité que le club soit exonéré des amendes prévues par le règlement. Nous travaillons encore avec eux aujourd’hui pour trouver des solutions. Ils sont tout autant bloqués et apprécient fortement notre projet et aimeraient nous aider davantage. Différents interlocuteurs comprennent et partagent ce constat. Que ce soit d’autres clubs partout en France, d’autres entraîneurs, joueurs(ses), arbitres, délégué(e)s, tous semblent unanimes pour indiquer qu’un changement est nécessaire au bon développement de la pratique du football féminin. Il s’agit dans notre action d’interpeller la Fédération Française de Football afin d’initier un travail commun avec tous les acteurs concernés (Ligues, Districts, clubs, éducateurs) car nous avons besoin de son soutien. Une rencontre collégiale serait une porte d’entrée à des solutions pertinentes qui permettrait à des clubs comme le nôtre d’envisager d’une manière sereine et constructive les futures saisons. Le travail déjà mis en place en faveur de toutes les pratiques (football, futsal, foot adapté, etc) par la FFF est un exemple que nous souhaiterions suivre pour notre section. Il ne s’agit pas d’alerter uniquement mais de proposer des pistes de travail. Par exemple faire du football à 8 une pratique d’initiation. Assouplir les règles au plus bas niveau de compétitions pour développer la pratique mais que les règles restent en vigueur pour les compétitions au plus haut niveau. Au sujet du nombre de mutés, homme ou femme, il serait opportun de faire une distinction selon la provenance : par exemple, pas plus de 3 mutés provenant du même club afin d’éviter le pillage et ainsi ne pas avoir de limitation du nombre de mutés par équipe. Lors d’une création d’équipe à 11, même si une équipe à 8 existe, il ne faudrait pas la soumettre à la règle des mutés. Accorder une dérogation au sujet des mutées dès lors que le club se retrouve avec moins de 3 ou 4 joueuses. Ce sont là des pistes de travail sur lesquelles nous souhaiterions travailler avec tous les acteurs concernés. Cette demande d’adaptation du règlement ne sera pas effective pour notre section car nous sommes conscients que les règles ne pourront pas changer cette année. Mais nous souhaiterions que cette évolution puisse profiter à d’autres clubs dans la même situation mais surtout aux générations futures, jeunes filles et femmes souhaitant jouer et enfin donner les moyens pour réellement développer le football féminin. via coqsrougefoot.fr
Espérons que la Fédération Française de Football, destinataire principal de ce communiqué de presse pertinent, ne fasse pas la sourde d’oreille. Parler de développement du foot féminin dans tout le pays c’est bien mais changer les lois pour améliorer de manière concrète la discipline sur le terrain c’est mieux.