Interrogée sur le plateau du Canal Football Club par Hervé Mathoux au sujet du mal qui ronge l’équipe de France lors des compétitions internationales alors que l’OL, composé de nombreuses Bleues, vient de remporter sa 7ème Ligue des Championnes, Amandine Henry a répondu « Je pense que notre championnat nous porte défaut parce que l’on a pas l’habitude d’enchaîner des gros matchs tous les week-end. » Là, la numéro 6 de l’équipe de France a souligné un point important. Développement.
Des niveaux trop hétérogènes
En D1 Arkema, l’OL et le PSG sont des cadors, et les autres équipes tentent, tant bien que mal, de se rapprocher peu à peu de leur niveau de jeu. Si Bordeaux et Montpellier commencent à titiller les deux équipes françaises européennes, ces dernières ont un train de retard. L’OL domine le championnat français sur tous les fronts. Premières au classement, meilleure attaque et meilleure défense la saison passée, difficile de contester la suprématie lyonnaise en France. Sur les 18 joueuses de D1 appelées par Corine Diacre lors du dernier rassemblement, plus de la moitié évoluent sous les couleurs parisiennes et lyonnaises (8 OL, 4 PSG, 4 FCGB, 1 MHSC, 1 EAG). Ce déséquilibre illustre bien le mal qu’ont les petits clubs à suivre l’avancée rapide de ceux qui ont monté une section féminine depuis déjà plusieurs années, et ont su mettre des moyens économiques afin de les faire monter.
Un manque de professionnalisation
La plupart des équipes évoluant en première division française sont jeunes, et trop encore sont amatrices. Cette saison, trois clubs de l’élite n’ont pas le statut professionnel (ASJ Soyaux, FC Fleury et GPSO Issy), soit un quart des clubs du championnat. Pour pallier cette avancée à deux vitesses, la professionnalisation de chaque club reste primordiale, et la capitaine de l’équipe de France en est consciente : « J’aimerais que notre championnat devienne professionnel à 100% et que l’on ait de la concurrence tous les week-end, et aussi sur les postes en équipe de France. » Les évolutions économiques du championnat sont notables puisqu’un contrat de naming a été établi l’an dernier et que les droits TV continuent d’augmenter. Les instances et fédérations doivent maintenir leurs efforts de développement en ce sens pour offrir d’avantage d’importance à tous les clubs féminins et ainsi voir s’épanouir l’équipe nationale sur la scène internationale. La création de l’AFPF (Association du Football Professionnel Féminin), présidée par Laurent Nicollin devrait faire bouger les choses alors que le chantier s’annonce conséquent et qu’il reste « tout un modèle à construire » selon les dires du montpelliérain.
Un retard à la française
La D1 évolue certes, mais a du retard par rapport à ses voisins. En Angleterre, nation demi-finaliste lors de la Coupe du Monde 2019 et 6ème au classement FIFA (derrière la France, 4ème), la Barclays Women’s Super League est un championnat entièrement professionnel, et disposant d’un plafond salarial assuré par la Fédération Anglaise, ce qui permet à chaque club de se réserver un budget pour développer sa formation et ses infrastructures. Les Etats-Unis évoluent avec le même modèle. Aux Pays-Bas (3ème au classement FIFA et finaliste de la dernière Coupe du Monde), l’Eredivisie, le championnat néerlandais composé de 18 clubs, est certes dominé par trois équipes, mais reste un championnat professionnel et compétitif. Effacer l’amateurisme du championnat doit désormais être la priorité des instances de football en France. Cette évolution permettrait de commencer à réduire le fossé entre les clubs du haut de tableau, et ceux qui se battent pour rester dans l’élite chaque saison.
Et pas un mot sur la sélectionneurs de l’équipe de France ? Le gros du problème est là me semble t’il.
Merci…Madame..pour cet excellent….mais…excellent article…que j’ai partagé « a fond »..
Continuez…je suis..😉