Ce 21 juillet 2021 donnait le coup d’envoi de la 7ème Olympiade pour le Tournoi de Football Féminin, une fête pour le football et un retour à la compétition internationale depuis celle qui paraît déjà si loin… la Coupe du Monde France 2019. Non qualifiées pour les JO, les Bleues ont profité de leurs vacances et sont retournées s’entraîner en club afin de préparer une saison au terme de laquelle aura lieu l’Euro 2022. Un été vide, propice au repos et loin des tensions qui ont marqué la dernière année de l’Équipe de France. Malgré cela, l’EDF ne manque pas de faire parler, encore et toujours. Loin des joueuses, le staff des Bleues n’a, lui, pas réussi à s’apaiser et un nouveau membre a décidé de quitter le navire mené par Corinne Diacre.
Deux adjoints pour un même destin
Arrivée à la tête de l’Équipe de France en 2017, pour un contrat courant jusqu’en 2021, Corinne Diacre avait débarqué avec un nouveau staff, nommant Philippe Joly comme son adjoint. Les deux avaient déjà travaillé ensemble, puisque Joly était préparateur physique pendant que Corinne Diacre était elle-même adjointe durant l’ère Bruno Bini. La collaboration va durer un peu plus de 2 ans, marquée par une Coupe du Monde à la maison et une nouvelle élimination en quart de finale pour les Bleues. Conséquence directe ou non, Corinne Diacre décide de modifier son staff. Joly est envoyé à la Direction Technique Nationale (DTN), alors qu’Eric Blahic prend sa place.
Un an et demi plus tard, Blahic connaît exactement le même sort. Une opposition de méthodes et une communication difficile, voire inexistante aura eu raison du lien entre les 2 dirigeants de l’Equipe de France. Blahic, qui avait dirigé l’équipe lorsque la sélectionneuse avait été contrainte de manquer un rassemblement en raison du Covid est, lui aussi, mis à disposition de la DTN, alors que Diacre continuera seule à la tête des Bleues.
Diacre en cavalier seul
« Elle n’a pas besoin d’adjoint. Pour le moment, c’est comme ça. »
Noël Le Graët, L’Equipe (2021)
Ce sont les mots du Président de la Fédération Française de Football, qui semble affirmer que, cette fois, Blahic ne sera pas remplacé. Un entraîneur sans adjoint, du jamais vu à ce niveau ? Alors solution temporaire ou Diacre mènera-t-elle seule son groupe durant l’année à venir ?
Cette décision peut paraître d’autant plus surprenante tant au niveau du timing (en vue de l’Euro qui attend les Bleues dans 1 an), que de la relation tendue que la sélectionneuse entretient avec ses joueuses depuis 2 ans maintenant. Son staff était notamment connu pour servir d’intermédiaire avec les joueuses, ce qui ne plaisait d’ailleurs pas forcément à Diacre.
Corinne Diacre (sélectionneur de l’équipe de France) lors de la Coupe du monde féminine de football, Groupe A, France vs Norvège à Nice, France, le 12 juin 2019. La France a gagné 2-1. © Pierre Perusseau/Bestimage
Après tout, si Diacre était faite pour cela ? Diriger seule ?
En 2019, à l’aube de la Coupe du Monde, elle avait tenté de s’entourer, d’étoffer son staff avec pour la première fois un préparateur mental pour les Bleues. Reconnu pour son travail avec l’Équipe Féminine de Handball depuis 2016, Richard Ouvrard avait apparemment conquis le cœur des Bleues, mais pas celui de la sélectionneuse avec qui la collaboration a été difficile.
« Richard s’entend très bien avec les filles. Mais avec Corinne Diacre, c’est plus difficile. Il n’a pas senti la confiance du staff et a souffert d’un manque d’intégration. Je pense qu’il est resté pour les joueuses, et parce que c’est un compétiteur et qu’il veut aller jusqu’au bout. »
Témoin pour L’Équipe (2019)
« Après, dans un staff, ce serait un obstacle de croire que nous devrions être d’accord sur tout pour travailler ensemble. Je crois par contre, tant que faire se peut, à la mise au clair, à la communication et à une réciprocité dans l’engagement, dans nos compétences respectives. Chemin faisant, certaines choses se régulent. Moi, je suis avant tout là pour les filles. J’ai le sens du défi, l’envie d’aller au bout et la difficulté ne me fait pas peur. »
Richard Ouvrard L’Équipe (2019)
Ce passage avait déjà montré que les liens au sein du staff des Bleues semblaient friables. Alors comment un staff non-soudé peut-il impulser une dynamique positive à son équipe ?
Victimes collatérales
Depuis sa prise de poste, Diacre a modifié à plusieurs reprises la composante sportive de son staff (on peut également y ajouter le changement du responsable des gardiennes avec Michel Etorre de septembre 2017 à août 2018, puis Gilles Fouache depuis) , mais pas seulement. Bien connue pour apprécier les sollicitations des médias, Corinne Diacre avait aussi fait le choix de se séparer de Jérôme Millagou, l’officier de presse choisi lors de l’intronisation de son staff en 2017, après la Coupe du Monde de 2019. Une instabilité permanente au sein du staff semble s’être installée et au fil des départs qui se succèdent, les mêmes raisons semblent inlassablement évoquées : la trop grande autorité et la volonté de contrôle absolu de Diacre semble bel et bien au cœur du problème. Une situation qui pousserait également à creuser un fossé entre les joueuses et le staff en place.
« Blahic avait été réprimandé par Diacre au sein de Clairefontaine alors qu’il était en train d’échanger avec deux joueuses de façon informelle. Diacre lui interdisant par la suite ce genre de discussions. »
RMC (2021)
Selon RMC, certaines sources rapportaient que Blahic se sentait comme un « adjoint épié dans tous ses gestes qui finissait par échanger presque en cachette avec certaines joueuses pour les protéger ».
Des propos qui ne semblent pas incohérents avec ceux qui connaissent le mieux Corinne Diacre puisque sa proche amie et ancienne coéquipière, Aline Riera déclarait elle-même :
« En amitié, comme dans le reste, elle est très sélective, c’est elle qui va choisir parce qu’elle sait ce qu’elle veut. Corinne désire décider de tout. »
Aline Riera pour L’Équipe Explore (2019)