En amont de la grande finale de Coupe de France qui opposera demain l’Olympique Lyonnais au Paris Saint-Germain ; nous avons eu l’opportunité d’interviewer Louisa Necib, véritable icône aux 3 Ligues des Championnes, 9 titres de championne de France, et 7 Coupes de France ; désormais consultante chez beIN SPORTS.
- LD (PCF) : Bonjour Louisa, au vu de votre popularité et du nombre de personnes à qui vous manquez dans le monde du football, ma première question ne peut être que la suivante : comment allez-vous ? Et ensuite, à quoi ressemble la vie de Louisa Necib-Cadamuro aujourd’hui ?
Ça va super bien, depuis que j’ai arrêté le foot je m’épanouis énormément dans mon rôle de maman. Je trouve ça magique. J’ai vécu de magnifiques choses dans le foot, j’ai ressenti des émotions énormes mais avoir des enfants c’est tout autre chose, il n’y a rien de plus beau à mes yeux. C’est une chance d’avoir mes enfants. À côté de ça, j’ai la chance de pouvoir continuer dans le milieu du foot vu que je travaille avec beIN SPORTS et que je m’épanouis. J’aime beaucoup ce que je fais, donc voilà, je regarde toujours énormément de foot, j’avale énormément de matchs et j’aime énormément donc tout va bien.
- LD (PCF) : Cela fait désormais 7 années que vous avez raccroché, le jeu ne vous a-t-il jamais manqué ?
Oui, le jeu m’a manqué. Notamment sur les grandes compétitions que j’ai souvent couvert à travers les médias. J’étais au plus près des compétitions dans un autre rôle et c’est vrai que ça manque. Après il n’y a pas que le jeu qui manque, il y a aussi le vestiaire, les copines, parce que nous on était vraiment une bande de copines donc c’est vrai que ça, ça a manqué, mais jamais au point d’avoir des remords ou des regrets.
- LD (PCF) : Quelles évolutions avez-vous constaté dans le football féminin en France depuis la fin de votre carrière ?
C’est difficile de les trouver ces évolutions. C’est l’interrogation que j’ai et les questions que je me pose. Je pensais vraiment notamment avec la Coupe du monde 2019 que ça allait faire un bond vu qu’elle était chez nous en France et qu’on avait tout pour réussir parce qu’on a une superbe génération et de superbes joueuses. Mais malheureusement je n’ai pas l’impression que ça ait énormément évolué. Peut-être en termes de physique et de vitesse, même si j’ai du mal à le ressentir pleinement car je ne suis plus sur le terrain. Et je sais que sur le terrain on ressent les choses différemment de lorsqu’on se trouve à l’extérieur. Cependant, en termes d’infrastructures et d’investissement des clubs, je pensais que ça allait beaucoup plus évoluer.
- LD (PCF) : Il y a-t-il une joueuse actuelle avec qui vous auriez adoré jouer ?
J’aurai bien aimé côtoyer Alexia Putellas. C’est un peu la joueuse de ces dernières années, celle qui a remporté les deux derniers Ballon d’Or donc j’aurai bien aimé être associée à Putellas, ou à Dzsenifer Marozsán que je n’ai pas pu connaître sur le terrain en tant que coéquipière parce qu’elle est arrivée quand je suis partie. Mais ce sont deux joueuses qui ont des qualités qui auraient pu correspondre aux miennes, on aurait pu être complémentaires et bien prendre du plaisir sur le terrain.
- LD (PCF) : Lorsqu’on parle de l’OL et du PSG cette année, difficile de ne pas évoquer les éliminations précoces en quarts de finale de Ligue des Championnes. La place des clubs français sur la scène européenne, et notamment de l’OL, est-elle menacée ?
Menacée non, c’est un grand mot. Après c’est certain qu’en Europe les championnats ont évolué à l’image de l’Espagne, de l’Angleterre où on voit notamment leurs équipes maintenant venir titiller les plus grosses équipes. Barcelone c’est leur 3ème finale (de Ligue des Championnes) consécutive, ça montre que le football espagnol a évolué bien que Barcelone reste la vitrine de ce football espagnol. Pour avoir joué la Ligue des Championnes, j’ai aussi connu des éliminations précoces. Une Ligue des Championnes se joue sur des détails et ce n’est pas forcément la meilleure équipe qui gagne le match. Paris et Lyon cette année il y a eu beaucoup de faits de jeu. Lyon face à Chelsea méritait peut-être de passer en termes de jeu proposé. Après voilà Chelsea a été plus efficace dans les deux surfaces. Je ne pense pas qu’elles soient en danger, je pense que nos équipes seront toujours hyper compétitives, elles continueront de se battre pour aller chercher le titre européen. Après les confrontations directes se jouent sur des détails et on l’a vu cette année que ce soit Lyon ou le PSG ils ont perdu sur des petits détails mais ils ne déméritaient pas non plus.
- LD (PCF) : Vous parlez de confrontation directe, il y en a une qui arrive à grands pas ce Samedi entre l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain. Promis je ne vais pas vous faire le coup de vous demander un pronostic sur la rencontre. Cependant, à quel type de match peut-on s’attendre selon vous ?
Quel type de finale c’est compliqué parce que généralement les finales ne sont pas très belles à voir. C’est malheureux mais c’est rare que sur une finale on ait énormément de jeu que ce soit chez les filles ou chez les garçons. Il y en a plein qui ont pour habitude de dire « une finale ça ne se joue pas ça se gagne », mais à force de le dire… ça ne se joue vraiment pas. Il y a rarement beaucoup de jeu, et moi j’ai tendance à dire que si tu ne la joues pas, tu ne peux pas la gagner. J’espère que le match sera serré au niveau du score, qu’il n’y ait pas une équipe qui prenne le large très tôt. Qu’on ait du beau jeu, parce que ce sont deux belles équipes avec deux effectifs de qualité avec de nombreuses internationales, donc j’espère que le jeu proposé sera de qualité, qu’on prenne du plaisir dans un match avec beaucoup d’intensité, beaucoup de vitesse… Un match de haut niveau à l’image des deux équipes.
- LD (PCF) : Ce match c’est aussi l’opposition de deux entraîneurs que vous avez très bien connu, d’un côté Sonia Bompastor, votre ancienne coéquipière, et de l’autre, Gérard Prêcheur votre ancien entraîneur. Dans leur vie de coach actuelle, quelle est la principale qualité de chacun ?
Ils ont une qualité commune c’est la connaissance du jeu, la connaissance du football. Pour avoir eu Gérard en coach, c’est un excellent coach. Je l’ai eu j’avais 27 ans j’étais sur mes deux dernières années, et j’ai encore appris avec lui. Il ne nous proposait jamais deux fois la même séance, il a une vraie connaissance du jeu avec une vraie philosophie de jeu et il propose de vrais projets de jeu à ses équipes. C’est une philosophie que j’adore, j’ai pris énormément de plaisir à jouer sous Gérard Prêcheur. Sonia a eu Gérard Prêcheur longtemps à Clairefontaine, donc je pense qu’elle s’inspire aussi de ce que Gérard fait en amenant sa touche personnelle à elle. Mais le football que Gérard fait pratiquer à ses équipes, c’est le football que Sonia aime aussi. Ce sont finalement deux coachs qui se ressemblent dans leur philosophie et leur façon de voir le foot.
- LD (PCF) : Aujourd’hui, beaucoup de joueuses passent du PSG à l’OL et inversement, quel regard portez vous sur ces mouvements, vous qui n’avez jamais revêtu la tunique du club rival ? Avez vous été tentée à un moment de votre carrière ? Ou même été approchée ?
Oui j’ai été approchée. Mais dans ma tête c’était très clair, je me sentais très très bien à l’Olympique Lyonnais. J’avais tout pour évoluer pour m’épanouir et pour pratiquer ma passion du mieux possible. Je suis contente d’avoir fait la majeure partie de ma carrière à l’Olympique Lyonnais. Après si il y a des mouvements entre les deux clubs c’est légitime car ce sont les deux meilleurs clubs français donc forcément les joueuses sont tentées d’aller d’un club à l’autre mais en ce qui me concerne j’ai été très heureuse à Lyon, et très heureuse d’y avoir fait la quasi totalité de ma carrière.
- LD (PCF) : Des finales vous en avez joué, et remporté un paquet. Quel conseil donneriez-vous à une jeune joueuse qui s’apprêterait à disputer sa toute première finale ?
Je pense avant tout que lorsqu’on atteint une finale, c’est qu’on a les qualités techniques, tactiques, physiques d’une footballeuse de haut niveau. Les deux équipes qui atteignent ce stade d’une compétition sont de qualité donc avant de se concentrer sur les qualités footballistiques, le plus important je pense que c’est la gestion du stress ; savoir faire abstraction de toutes les pensées négatives et ce qui pourrait venir un peu polluer l’esprit et jouer librement. Parce que c’est compliqué d’être libre sur un match avec de tels enjeux, et le plus important c’est d’être capable d’oublier l’enjeu et de mettre la notion de plaisir au devant de tout afin de pouvoir donner le meilleur de soi-même sans être restreinte par le stress.
« J’entends des fois des critiques sur le président Aulas, je dis souvent que c’est parce que vous ne le connaissez qu’à travers l’écran. […] il prend toutes les ondes négatives de son club, et de ses équipes pour les encaisser […] il préfère prendre les critiques sur lui plutôt que de les voir se déverser sur ses joueurs/joueuses ou sur son club. »
~ Louisa Necib, au sujet de Jean-Michel Aulas.
- LD (PCF) : L’actualité de l’OL est marquée par la fin de l’histoire entre Jean-Michel Aulas et l’Olympique Lyonnais. Vous qui l’avez côtoyé, comment décririez-vous celui que beaucoup considèrent comme le plus grand président français de l’histoire ?
Il reste vraiment à mes yeux le meilleur président français. Le président Aulas c’est quelqu’un d’entier, quelqu’un qui a un investissement profond pour ses équipes, un vrai amour pour ses joueurs, ses joueuses, et son club. Si le football féminin en est là aujourd’hui et a eu l’évolution qu’il a connu, c’est en partie grâce à lui. C’est celui qui s’est le plus investi que ce soit au niveau de son club ou de la Fédération. Il s’est battu pour avoir des contrats fédéraux, il se bat encore aujourd’hui pour plein de choses. La façon dont il traite ses équipes féminines est exceptionnelle, il les traite de la même façon que ses équipes masculines. En tant que joueuse, on ressent un lien profond, une relation profonde avec son président et c’est hyper important au niveau de la valorisation, de se sentir impliquée entièrement au sein d’un club. Franchement c’est quelqu’un d’énorme, moi je n’ai que des choses positives à dire sur ce monsieur là.
- LD (PCF) : Avez-vous dans vos souvenirs une anecdote ou un moment fort vécu avec lui ?
Oui, sur toutes nos finales jouées il était tout le temps présent à la causerie. Il avait toujours un mot à nous dire en fin de causerie qui était hyper positif, et qui nous mettait en confiance. On le sentait complètement avec nous, il était toujours présent, il faisait la quasi-totalité des déplacements avec nous donc en termes d’implication c’est énorme et c’était déjà il y a un bon nombre d’années. Pour moi l’OL c’est Jean-Michel Aulas, et Jean-Michel Aulas, c’est l’OL. C’est un grand monsieur du foot français.